Euthanasie le 7 mars 2023
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Historique
Le temps libre est un des possibles, mais il faut réfléchir au contenu qu’on lui donne. Jérôme Lèbre rapporte cette expression d’Hannah Arendt qui parlait d’une « société de travailleurs sans travail « . Sait-on utiliser notre temps libre autrement qu’en travaillant ? Pour Christophe Bouton, il existe des utopies du temps libre que l’on retrouve par exemple chez Marx et Engels. Ils essaient de penser une société post-capitaliste « où l’on travaille moins et où l’on garde du temps disponible pour faire d’autres activités : intellectuelles ou artistiques ». Cela se retrouve chez Ernst Bloch qui propose, dans Le Principe espérance, un modèle de société qui est pour lui le règne de la liberté : « Cette société de temps de loisir aurait trois notions fondamentales : l’amphithéâtre, la fête et le hobby. On étudie, on fait la fête et on développe éventuellement une activité choisie qui devient notre violon d’Ingres ».
Enquête
Face au désastre écologique qui affecte désormais le quotidien et l’intimité de tous les contemporains, nombre d’intellectuels opèrent un « tournant géologique » afin de forger des récits capables de relever le défi climatique.
L’espace d’un été, le monde a basculé. Aucun coin de terre n’a échappé à sa saison en enfer. Chacun a pu ressentir le désastre au bord du balcon, percevoir l’apocalypse au bout du jardin, connaître la suffocation sur les routes en goudron. Et éprouver non pas le « printemps silencieux » documenté par la biologiste américaine Rachel Carson (1907-1964), alertée par la disparition du chant des oiseaux due aux pesticides, mais un été assourdissant, alourdi par un air plombant, asséché comme l’étaient les rivières et les torrents, jauni et craquelé comme le furent les pelouses et les champs.
Ce sont souvent les plus modestes qui ont enduré les effets les plus dévastateurs des pics de chaleur et pris de plein fouet les tempêtes, avec le sentiment que le ciel leur tombait sur la tête. Mais les populations les plus épargnées habituellement ont rarement échappé à la touffeur de cet été meurtrier, ainsi qu’aux nuages de cendres provenant d’incendies qui dévastaient les Landes ou les monts d’Arrée, recouvrant le paysage d’un voile inquiétant. Telle une ombre au tableau qui nous colle désormais à la peau. In girum imus nocte ecce et consumimur igni : le palindrome d’origine latine utilisé en 1978 par Guy Debord (1931-1994), cofondateur de l’Internationale situationniste, prend peut-être aujourd’hui une nouvelle signification : « Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu. »
Lire l’éditorial du « Monde » :Climat : été extrême, urgence absolue
La prise de conscience des ravages a pénétré le langage, et l’on nomme désormais ce sentiment de perte, de désarroi et de mélancolie provoqué par la dégradation de notre propre « environnement ». Forgée au début des années 2000 par le philosophe australien Glenn Albrecht – auteur des Emotions de la Terre (Les liens qui libèrent, 2020) – lui-même bouleversé par les saccages de l’exploitation minière de la Hunter Valley, une région au nord de Sydney dont il est originaire, la « solastalgie » désigne ce « sentiment de désolation causé par la dévastation de son habitat et de son territoire », mais aussi « le mal du pays que vous éprouvez alors que vous êtes toujours chez vous ». Elle résonne avec l’« écoanxiété », théorisée à la fin des années 1990 par la chercheuse en santé publique belgo-canadienne Véronique Lapaige, qui s’est largement popularisée. Si la solastalgie, cette douleur morale causée par la disparition de son propre milieu de vie, est une tristesse de rétrospection, l’écoanxiété, suscitée par la crainte d’un effondrement à venir, est une angoisse d’anticipation.
Avec une apparente simplicité, le sociologue danois Nikolaj Schultz emploie à présent le concept de « mal de Terre », afin de « caractériser ce double “bouleversement”, celui de l’humain et celui de la Terre qui tremblent simultanément ». Car c’est peut-être ce que les contemporains ont réalisé dans la fournaise de cet été : leur mode de production est une arme de destruction, et leur modèle de croissance affecte leurs conditions d’existence. « C’est une chose que de rester allongé la nuit à Paris à essayer de trouver le sommeil en pleine canicule par 42 °C et de lire sur votre téléphone qu’il fait 52 °C au Pakistan. C’en est une autre que de se rendre compte que le ventilateur qui vous permet de dormir fait exploser votre consommation d’énergie et donc aggrave ces problèmes », fait-il remarquer.
L’homme n’est plus Atlas qui porte le monde sur son dos, mais le démiurge qui détériore ses conditions d’habitabilité. « Voici ma nouvelle condition humaine, traversée par l’étendue planétaire des actions de mon espèce qu’elle transforme en retour en condition terrestre », écrit Nikolaj Schultz dans Mal de Terre (Payot, 112 pages, 16 euros).
Lire aussi « Mémo sur la nouvelle classe écologique » ou le vadem-mecum du parti terrestre
Il ne s’agit plus d’élaborer une métaphysique de l’être et du temps, comme le fit Martin Heidegger (1889-1976), ou même une phénoménologie de l’être et du néant, telle que s’y livra Jean-Paul Sartre (1905-1980), mais une pensée renouvelée de l’être et de la Terre, une ontologie de notre condition terrestre. Car nous avons changé de monde. « La Terre telle que nous la connaissions est en train de muter à cause de l’être humain et de ses actions, poursuit Nikolaj Schultz. Il s’agit là d’un “drame de l’être” que les bons vieux existentialistes n’auraient pu prévoir ! »
Professeur à l’université de Wisconsin-Madison, le philosophe Frédéric Neyrat n’hésite pas à considérer que « les mégafeux ne brûlent pas seulement des forêts, des vies humaines et animales, mais aussi nos manières de penser. Calcinées, celles-ci peinent à produire les contre-feux intellectuels et politiques nécessaires pour répondre aux désastres climatiques : chaque proposition, chaque cri de rage, chaque concept flambe et se réduit en cendres avant d’avoir seulement pu prendre forme », écrit-il dans une tribune parue dans L’Obs en juillet. Il est toutefois permis d’espérer que de telles coupes rases intellectuelles ne s’effectuent pas aussi radicalement et rapidement. La percée conceptuelle opérée par la nouvelle anthropologie de la nature, notamment marquée par la volonté de dépasser l’opposition entre nature et culture, commence à produire des effets, des zones à défendre (ZAD) aux instituts d’études politiques (IEP).
Le fait que l’anthropologue Philippe Descola, professeur honoraire au Collège de France, intervienne aussi bien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) qu’à l’IEP de Paris, où il tint la conférence inaugurale de rentrée, le 25 août, est un petit événement particulièrement signifiant. Qu’il échange aussi bien avec des activistes, souvent de culture anarchiste, à l’image du bédéiste écologiste Alessandro Pignocchi, dans Ethnographies des mondes à venir (Seuil, 176 pages, 19 euros), qu’avec les futures élites dirigeantes du pays venues assister à une tentative de refondation de l’idée cosmopolitique, « purgée de l’eurocentrisme et de l’anthropocentrisme que nous avons hérités de la philosophie des Lumières », n’a rien d’anodin. Ces congruences permettent de possibles alliances. « Cette nouvelle approche, a-t-il expliqué aux étudiants de Science Po, embarqués dans un cours de philosophie politique bien éloigné des grandes dissertations sur la “société” ou la “nation” que l’on tient souvent dans ce genre d’occasion, demande une redéfinition de la politique qui donne aux assemblages d’humains et de non-humains, et aux conflits qui les traversent, une expression qui ne leur est pas encore vraiment reconnue en dehors des cercles savants. »
Différente sans être toutefois divergente, la pensée cosmopolitique de Bruno Latour se propage, elle aussi, dans la philosophie et le monde de la culture ou encore à Sciences Po, où le philosophe et sociologue a fondé, il y a dix ans, une Ecole des arts politiques. Car la politique n’est pas une science, mais un art. Ou plutôt, puisque le monde est pluriel et que « l’univers est un plurivers », dit-il, la politique est un ensemble d’arts « par lesquels on cherche à composer progressivement un monde commun ». Ainsi, « la cosmopolitique a besoin de diplomates », assure-t-il dans son Manifeste compositionniste. Pas seulement pour sauver la paix ou gagner la guerre entre les hommes, mais aussi afin de démêler les conflits entre humains et non-humains et agencer un monde habitable, soutient le penseur dans Puissance de l’enquête. L’Ecole des arts politiques (avec Frédérique Aït-Touati, Jean-Michel Frodon et Donato Ricci, Les liens qui libèrent, 352 pages, 22 euros).
Lire aussi l’entretien : Bruno Latour : « L’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes »
La philosophie du vivant, notamment théorisée et pratiquée par Baptiste Morizot, permet de penser nos interdépendances avec nos « cohabitants », végétaux ou animaux. Elle nourrit le travail de paysans ainsi que de jeunes militants, tel Vipulan Puvaneswaran, acteur du film documentaire Animal (2021), réalisé par Cyril Dion, qui considère que « le concept de vivant permet de sortir des pensées de “l’environnement” et ainsi d’éviter l’écueil d’un environnementalisme qui prétend vouloir protéger une “nature” extérieure à soi, privée des humains et considérée comme une simple ressource à exploiter ». La critique s’étend jusqu’aux réserves naturelles « d’où sont expulsées les populations autochtones qui vivaient dans une relation au vivant non humain dont nous devrions plutôt nous inspirer ». Une approche qui permettrait de penser et d’agir dans un monde en feu. Baptiste Morizot estime même que les mégafeux de l’été 2022 ont paradoxalement engendré une « intensification du concernement » pour ces milieux « qui ne peuvent plus être considérés comme un décor ».
Mais un nouveau pas vient d’être fait, une nouvelle frontière a été franchie, par la volonté de dépasser la séparation entre les vivants et non-vivants. Et la décision de forger, comme y invite l’anthropologue Nastassja Martin dans A l’Est des rêves. Réponses even aux crises systémiques (La Découverte, 250 pages, 21 euros), une « ethno-métaphysique des éléments ». Dans les sociétés animistes, qui confèrent une âme aux êtres, certains collectifs communiquent avec les ours, les rennes ou les oiseaux. Néanmoins, poursuit Nastassja Martin, il faut également prendre en compte les relations aux éléments – terre, air, feu, eau – auxquels certains peuples s’adressent, à l’image des Gwich’in avec les aurores boréales, en Alaska – considérées comme des manifestations de l’esprit des morts. A l’instar des Even au Kamtchatka (Russie), qui donnent chaque première cuillère d’un repas au feu et à qui l’on parle afin qu’il n’embrase pas tout. « Nous touchons ici à un problème de taille », affirme-t-elle, évoquant même un relatif « silence des anthropologues » sur cette question. Mais cette métaphysique des éléments va peut-être « trop loin », se demande Nastassja Martin, qui cherche à sortir de la séparation ontologique entre l’animal, le végétal et le minéral et qui explore une raison animiste sans franchir les frontières de l’ésotérisme. L’anthropologue trouve chez les Even « non pas des réponses à nos tourments, mais des manières de se relier aux éléments », un dialogue avec les entités qui pourrait inspirer notre monde désenchanté.
Lire l’entretien Baptiste Morizot : « Il faut politiser l’émerveillement »
Ainsi assistons-nous actuellement à un tournant géologique de la pensée contemporaine. Tout d’abord en raison de l’entrée de l’humanité dans l’ère dite de l’anthropocène, théorisée par le chimiste de l’atmosphère Paul J. Crutzen (1933-2021). En effet, ce scientifique néerlandais, récompensé en 1995 du prix Nobel pour ses travaux sur la couche d’ozone, a soutenu, au début du siècle, que l’époque géologique actuelle, qui « a commencé dans la dernière partie du XVIIIe siècle », était « dominée de manière diverse par l’homme ». Ainsi, l’anthropocène est cette nouvelle époque dont « les analyses de l’air emprisonné dans les glaces polaires montrent qu’elle a connu une augmentation des concentrations de dioxyde de carbone et de méthane à l’échelle du globe », écrivait-il en 2002 dans la revue Nature. Mais les scientifiques de la Commission internationale de stratigraphie « ne se sont pas accordés sur la nature du marqueur de l’anthropocène et, a fortiori, sur la périodisation à adopter, relève le philosophe Matthieu Duperrex, qui, dans La Rivière et le Bulldozer (Premier Parallèle, 136 pages, 9 euros), cherche à « ausculter notre condition minérale », à faire le récit de « la naissance de la civilisation sédimentaire » et à explorer « l’essence géologique de l’être humain ».
Tournant géologique, donc. Pourtant, « les géologues ont raté le tournant écologique », regrette Jérôme Gaillardet, professeur de sciences de la Terre à l’Institut de physique du Globe de Paris. En effet, poursuit-il, « l’anthropocène a été énoncé par un chimiste – l’éminent Paul J. Crutzen nous a emprunté notre vocabulaire – et les problèmes liés au réchauffement climatique sont étudiés par des scientifiques de premier plan, physiciens de formation ». Sans compter qu’en France le climatoscepticisme de Claude Allègre, géochimiste et ancien ministre de l’éducation nationale, n’a pas aidé à populariser la discipline, et encore moins à l’arrimer au tournant écopolitique.
Lire notre enquête (2018) : Claude Allègre et le climat : retour sur un flagrant déni
Jérôme Gaillardet apparaît ainsi comme un géologue atypique par son souci de l’urgence écologique et sa volonté de ne pas laisser tomber la « géologie de terrain ». A la « géo-ingénierie », largement financée par la grande industrie qui imagine comment stocker ou séquestrer du carbone dans les formations géologiques, fertiliser l’océan afin de multiplier le plancton en y répandant du fer, envoyer de la poussière dans l’atmosphère afin de refroidir la Terre, Jérôme Gaillardet préfère la « géopathie », concept forgé par Bruno Latour, qui désigne une manière d’être en empathie envers la Terre. Ce néologisme désigne aussi la « maladie de la Terre ».
Selon Jérôme Gaillardet, « l’instrumentation des territoires est une manière de se rendre sensible à la Terre et aux cycles qui l’animent ». Mesurer le mouvement de l’eau, de la gouttelette de pluie à la rivière au travers d’instruments souvent sophistiqués est une manière de se reconnecter aux paysages qui nous entourent. Ainsi, à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), dans la vallée de l’Ubaye, une école d’été organisée par Jérôme Gaillardet et l’hydrologue Isabelle Braud a rassemblé des scientifiques et des artistes, des philosophes et des naturalistes afin de faire sentir aux étudiants, mais aussi à la population locale, qu’ils vivent dans une zone sensible menacée par un glissement de terrain. Ce phénomène est « animé d’un mouvement si lent que seuls les instruments et les mesures des scientifiques permettent de le déceler sur des temps longs ». Un programme mené au cœur d’un été suffocant qui a fortement inquiété Jérôme Gaillardet. « On entre dans le dur de l’anthropocène », s’alarme le géochimiste.
Le réchauffement climatique est déjà parfaitement documenté. Toutefois, l’ampleur de la catastrophe a peut-être été minorée. Ou du moins ses conséquences et ses risques les plus extrêmes auraient été insuffisamment modélisés. C’est ce qu’affirme un collectif de chercheurs emmené par Luke Kemp, maître de conférences honoraire en politique environnementale à l’Australian National University (ANU), dans un article paru, le 25 mars, dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences. « Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? A l’heure actuelle, il s’agit d’un sujet dangereusement sous-exploré, écrivent-ils. Pourtant, il existe de nombreuses raisons de penser que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale. » Considérant que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, en raison de ses outils statistiques et de ses contraintes diplomatiques, n’a pas assez creusé les aspects catastrophiques du réchauffement climatique, les scientifiques estiment qu’« une évaluation approfondie devrait prendre en compte la façon dont les risques se propagent, interagissent, s’amplifient et sont aggravés par les réponses humaines ».
Lire aussi « Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »
Directrice de l’Institut Momentum, qui oriente ses réflexions sur la décroissance et les risques d’effondrement, Agnès Sinaï observe que « nous vivons aujourd’hui dans notre chair – et ce n’est qu’un début – les conséquences de l’overshoot, du dépassement écologique, induit par les sociétés productivistes et thermo-industrielles qui sont les nôtres. C’est un immense effet boomerang qui est en train de se produire, une rétroaction gigantesque : le système Terre répond au stress de la suractivité productive de nos sociétés ». A-t-on minoré ses effets les plus alarmants, à l’image des avertissements de Luke Kemp et de son équipe? « Les prestations et publications des effondristes et des collapsologues sont aujourd’hui dans la même position de rejet que celles des pro-climat dans les années 1970 face aux moqueries des indifférents ou des climatosceptiques, regrette-t-elle. Une fois encore, c’est la réalité imparable des désastres croissants et la souffrance des populations qui permettront peut-être de convaincre les sceptiques, voire d’entreprendre des actions à temps et à la hauteur. »
Les politiques ont-ils pris la mesure de la démesure climatique ? Dès la rentrée, le 24 août, Emmanuel Macron a appelé le gouvernement à « l’unité » face à « la grande bascule », notamment marquée par « la fin de l’abondance » et « de l’insouciance ». « Indécence », répliquent l’historien Johann Chapoutot, professeur à Sorbonne Université, et Dominique Bourg, professeur honoraire à l’université de Lausanne, qui reprochent au président sa « politique de l’impuissance ». Pour ne prendre qu’un seul exemple, « il suffirait de quelques mots, jetés sur le papier d’un décret, pour encadrer, pour normer, voire interdire, l’usage de véhicules à moteur thermique dont on sait la nocivité, écrivent-ils dans l’article “Un été de plus. Manifeste contre l’indécence” sur le site La Pensée écologique en août 2022. La puissance mécanique, son perfectionnement et sa diffusion massive depuis la fin de la seconde guerre mondiale ont fait de n’importe quel quidam qui a les moyens de se l’offrir un délinquant, voire un criminel objectif – un contributeur actif à la dévastation en cours. L’interdiction des jets privés, des SUV et autres 4 × 4 (ces engins démesurés dont l’usage ne peut se justifier que dans les zones les plus difficiles d’accès) en ville et sur autoroute relève du plus élémentaire bon sens (…). Comment justifier que la mobilité d’un corps de 70 kilos exige la construction d’un monstre caréné d’une tonne, voire plus ? »
De nombreux écologues y voient également le signe d’une méconnaissance profonde des enjeux écologiques. Ainsi la volonté de « refaire la forêt » avec le souci de « replanter et rebâtir » annoncée par le chef de l’Etat lors de son déplacement le 20 juillet à La Teste-de-Buch (Gironde), où 7 000 hectares de forêt ont brûlé en huit jours, leur apparaît-elle comme une « aberration », parce que « ces forêts – qui ne sont en fait que des champs d’arbres, de pins, le plus souvent – s’apparentent à de véritables bombes à retardement, avec leurs aiguilles fines et leur résine qui contient de la térébenthine », explique l’ingénieur forestier suisse Ernst Zürcher ; parce que « ces massifs de résineux ne sont ni durables ni accueillants pour la vie sauvage », témoigne Baptiste Morizot ; ou bien encore parce que « ces zones, qui étaient autrefois des marécages – des zones humides, donc –, emprisonnaient naturellement le carbone », fait observer Jérôme Gaillardet.
Ces nouvelles « écosophies », pour reprendre le terme inventé par le psychiatre Félix Guattari, permettent-elles de dégager des pistes pour l’action ? Elles donnent en tout cas des « idées pour retarder la fin du monde », pour reprendre la formule d’Ailton Krenak, leader des luttes autochtones au Brésil (Editions du dehors, 2020). Et l’envie de « raconter un autre récit », alors que « nous sommes conditionnés par la fable que nous sommes l’humanité », ajoute-t-il. Or, « tout est nature », déclare celui qui estime que nous nous sommes erronément séparés de la « Terre ». Ainsi, la révolution écologique passera-t-elle par de nouveaux récits et d’autres imaginaires. Mais ceux-ci ne seront peut-être pas unitaires. « Il n’y a pas une seule perspective ni un seul texte qui peut rendre compte des énormes transformations terrestres auxquelles nous assistons et de leurs conséquences, analyse Nikolaj Schultz. Nous avons besoin d’une multitude d’idées et de descriptions pour leur donner un sens. »
Le sociologue considère néanmoins que « les penseurs de l’écologie ont été trop rapides à s’éloigner de certaines catégories et notions que beaucoup de gens utilisent encore pour naviguer dans leur vie ». Les concepts modernes d’« humain » ou de « liberté », par exemple, ont été « largement sacrifiés sur l’autel de notre nouvelle condition écologique, mais ils n’en sont pas moins fondamentaux pour permettre à la plupart des gens de comprendre le monde et leur place dans celui-ci ». D’autant qu’on n’adopte pas la sensibilité d’un Indien amérindien du jour au lendemain pas plus qu’on ne se réapproprie instantanément certains savoir-faire paysans.
Lire aussi l’entretien : Joëlle Zask : « Il nous faut redevenir les gardiens de notre planète »
Pour des raisons « stratégiques », explique Nikolaj Schultz, renoncer à ces catégories serait « une erreur ». Car, « si imprécis que soient ces concepts, les gens y sont néanmoins attachés », fait-il observer. La révolution philosophique qui, depuis quelques années, redécouvre les « relations et agencements » entre les humains et non-humains « en brisant les distinctions entre nature et culture » reste d’une « importance capitale », tient-il à souligner. Mais « elle risque d’exclure ceux pour qui s’imaginer parcourir le Vercors ou l’Alaska, rencontrer, combattre ou pourparler avec des non-humains n’est pas si simple et évident ».
L’écosophie est confrontée à un double dilemme tactique et sémantique. Face à l’urgence de penser et d’agir dans un monde en feu, la tentation est grande de vouloir rompre avec le vocable de l’ancien monde ; et d’accompagner l’avènement du nouveau par des concepts inédits et des narrations inouïes. Un pari qui peut toutefois heurter les représentations. D’autant que, sur le terrain, ce ne sont pas que des penseurs, mais également des naturalistes amateurs qui, « sans vouloir renverser l’ordre des choses », se font « veilleurs du vivant » (Vanessa Manceron, La Découverte, 2022). Ainsi s’ouvre pour l’écologie un autre horizon doublé d’un nouveau conflit, celui de la bataille des récits.
Retour sur l’événement « Lancement officiel du partenariat SMMAG & ANDYAMO »
Jeudi 22 septembre 2022 A 18h00
Village by CA Grenoble
5 place Nelson Mandela
38000 Grenoble
Au programme :
Plusieurs contacts intéressants :
Le lieu lui même « PREMIER DISPOSITIF D’ACCÉLÉRATEURS DE STARTUPS EN FRANCE » dans des locaux au cœur du quartier innovant et scientifique de la Presqu’île, ambiance startup garantie.
La startup Andyamo : Créée par Marco, tétraplégique à la suite d’un accident de ski.
Elle a développé une App, en surcouche du calculateur d’itinéraire pour proposer des parcours adaptés aux usagers en fauteuil.
Le représentant de Rhonalpia, un incubateur dédié à l’ESS : Nous rêvons d’un monde où ceux qui entreprennent au service des fragilités sont encouragés, au cœur des territoires.
Le représentant de l’agence ESS de la caisse d’épargne : Qui développe un discours sur la déclinaison de la notion de valeur pour les entreprises de l’ESS que j’ai trouvé très inspirant.
Ce qui m’a intéressé :
Je retire des enseignements sur la stratégie de Pass Mobilité du SMMAG, sur la proposition de Transport Solidaire de Mobicoop et sur le Projet MobiPA.
Sur l’aspect technique de la solution : l’App s’appuie sur les APIs
Sur la proposition de service, comme mobicoop, andyamo n’a pas développé une App séparée, dédiée à un public particulier mais surchargé l’App existante de calcul d’itinéraire pour l’augmenter et inclure dans les résultats de recherche des réponses pertinentes pour ce sous-ensemble du public. Cette approche est extrêmement validante pour la stratégie de MaaS retenue par le SMMAG qui est propriétaire des données et du code, ce qui facilite les interfaces : APIs, données ouvertes, communs, interopérabilité sont les mots clés de ce succès. L’usager choisit son niveau d’aide, ce qui le rend disponible par exemple pour les poussettes, ou quiconque le trouve plus confortable.
J’ai échangé avec les techniciens sur les travaux que nous avons faits sur l’adaptation de l’ergonomie des App pour les publics fragiles/précaires, ils ont indiqué avoir trouvé beaucoup de littérature scientifique sur le sujet, ce qui n’était pas mon cas lorsque j’avais travaillé sur le thème de l’illettrisme.
Pour le représentant de la Caisse d’Epargne c’est le statut juridique qui définit l’appartenance à l’ESS, ce qui rejoint une de mes préoccupations sur la sincérité de l’engagement de certains acteurs et mon souhait que des règles assez strictes soient mises en place au SMMAG lors de la contractualisation pour connecter propositions de services à la plate-forme MaaS.
Les liens avec nos sujets :
Pour Christine, j’ai pensé qu’un lien pouvait être fait avec le projet sur les IOT à La Mure. On pourrait en effet, augmenter encore le service en traitant les derniers mètres du trajet lorsqu’ils se déroulent à l’intérieur des bâtiments. Avec un cas particulièrement important qui est la circulation à l’intérieur des gares et des pôle d’échange.
Pour Mobicoop, j’ai pensé que l’on pourrait partager les recherches sur l’ergonomie pour les différents publics. Jusqu’à présent nous avons exploré le cas des usagers malhabiles avec l’outil smartphone, illettrés en français et/ou dans leur langue. Concernant le handicap, nous avons considéré que notre service s’arrêtait là où commençait l’offre de service PMR, peut-être faut-il se poser la question du covoiturage pour les usagers en fauteuil. J’ai pensé également à l’intérêt de rencontrer l’incubateur et repensé au fond patient qui peut prendre la suite de la période d’incubation.
Concernant MobiPA, ces sujets peuvent enrichir notre réunion prévue le 30 septembre.
Aux Choralies j’ai flashé pour un chant interprété pendant le concert du soir du samedi 6 août par le chœur des jeunes de Madrid dirigé par Juan Pablo de Juan.
Ce chant est repris comme musique d’accompagnement du flash-back du dernier jour des Choralies le 11 août.
J’ai cherché le texte et l’origine de ce chant, la langue n’est pas facile à déterminer.
https://www.youtube.com/watch?v=J2GXBLVZk60
Si un courageux veut nous proposer une traduction, voici les paroles :
C’est un chant qui provient de la bande originale d’un film tamul de 2007 intitulé Sivaji: The Boss.
On trouve un bref résumé de l’intrigue en français : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sivaji
Le disque du film est décrit dans wikipedia
https://en.wikipedia.org/wiki/Sivaji:The_Boss(soundtrack)
et les chants sur Deezer se trouvent là : https://www.deezer.com/search/Balleilakka
On trouve sur Internet une interprétation proche de celle du concert des jeunes espagnols. https://www.youtube.com/watch?v=L8yiHHOi0Po
et aussi :
On en trouve d’autres plutôt dans le style Bollywood, le film est disponible sur youtube, pas facile de suivre l’histoire en l’absence de sous-titrage, je n’ai pas encore repéré où se trouve le chant. https://www.youtube.com/watch?v=NenlQz-FkLY
Test de page avec une vidéo incluse.
La cousinade du samedi 28 mai 2022 a remis dans l’actualité les activités autour de l’arbre généalogique de la famille de Jacques BAUDRY.
La généalogie est une discipline passionnante et pour les spécialistes de la gestion de données, la généalogie est l’un des sujets les plus complexes à maîtriser. Pour présenter simplement cette complexité, il s’agit de représenter un arbre, ce que les systèmes de base de données ne savent pas très bien faire, et cette arbre change dans le temps.
Depuis longtemps des outils de gestion d’arbres généalogiques ont été proposés et geneanet ( sur wikipedia) est sans doute celui qui rassemble la plus grande communauté. Il s’appuie sur un site qui fait vraiment référence avec un logiciel extrêmement puissant. Ce site contient des milliers d’arbres et plusieurs milliards de fiches.
Lorsque l’on évoque un ancêtre on se demande assez naturellement s’il n’apparaît pas dans l’arbre d’un contributeur sur geneanet.
Lorsque l’on fait l’exercice au sujet de « Jacques Marie Louis Aristide Baudry » on trouve 5 arbres dont 4 avec des dates de naissance et de décès qui correspondent.
Voici ces 4 arbres :
Le cinquième Bruno Combier (bcombier1) est plus difficile à exploiter car la personne est masquée mais il semble bien que Jacques BAUDRY y soit mentionné. La date de décès n’étant pas renseignée, le système semble la remplacer par celle du mariage dans le résultat de la recherche.
Ce petit exercice m’a donc fait découvrir l’existence de bases collaboratives. En effet si l’on est l’unique racine de son arbre descendant, lorsque l’on construit son arbre ascendant sur quelques niveaux il y a de fortes chances que plusieurs arbres se rejoignent et l’on souhaiterait au moins comparer voire simplement lier son arbre à un autre et ainsi se relier à la foule de nos ancêtres communs.
Ainsi le parcours de l’arbre dans la base collaborative pierfit nous permettra de remonter dans l’ascendance de Jacques BAUDRY et peut-être découvrir des ascendants qu’on ne lui connaissait pas.
Du samedi 21 au lundi 30 mai 2022
lundi, ballade en vélo.
mardi, journée E&A en télé-travail
mercredi 53 km
jeudi : 45 km
vendredi 69 km de Challans à Pornic
Samedi, 32 km avant de se mettre en route pour le retour.
Très belle ballade le long de la côte de ?? à ??
Ensuite retour avec un covoitureur embarqué à Challans, et Lou que l’on avait à aller de à ??
Souleymane Bachir Diagne dans une tribune du Monde le 2 avril 2022.
Cette communauté de condition est ce qui nous impose de sortir de nos tribus pour faire humanité ensemble.
Quand je dis faire l’humanité ensemble, c’est la manière dont je traduis le terme de ubuntu, « devenir humains ensemble, l’un et l’autre et dans la réciprocité », qui a été popularisé et nationalisé par l’Afrique du Sud de Nelson Mandela et de Desmond Tutu. Ubuntu signifiait pour eux sortir de la logique tribale, alors que la fin de l’apartheid aurait pu être un moment de revanche de tribu contre la tribu afrikaner. Puisant ce mot dans la langue bantoue, ils en ont fait un concept efficace, autant que faire se peut, pour construire une nation commune, et non une juxtaposition de tribus. Voilà la démarche que nous devrions reproduire à l’échelle du monde, sur la base, encore une fois, d’une condition humaine partagée.
En matière de décentralisation, le « chacun pour soi, chacun chez soi » est inopérant
Jean-Marc Offner – Le Monde du 15 janvier 2022
Quatre types de coopérations
et non pas dans une quête d’autonomie