Mon journal - jeudi 22 mai 2025

De Wik&Tic Wik&siT
La version imprimable n’est plus prise en charge et peut comporter des erreurs de génération. Veuillez mettre à jour les signets de votre navigateur et utiliser à la place la fonction d’impression par défaut de celui-ci.

France culture - Avec philosophie - jeudi 22 mai 2025

Lecture d'un extrait de quatrevingt-treize (1874).

Troisième partie, Livre II, chapitre 7 "les deux pôles du vrai"

Et Gauvain reprit :

– Liberté, Égalité, Fraternité, ce sont des dogmes de paix et d’harmonie. Pourquoi leur donner un aspect effrayant ? Que voulons-nous ? conquérir les peuples à la république universelle. Eh bien, ne leur faisons pas peur. A quoi bon l’intimidation ? Pas plus que les oiseaux, les peuples ne sont attirés par l’épouvantail. Il ne faut pas faire le mal pour faire le bien. On ne renverse pas le trône pour laisser l’échafaud debout. Mort aux rois, et vie aux nations. Abattons les couronnes, épargnons les têtes. La révolution, c’est la concorde, et non l’effroi. Les idées douces sont mal servies par les hommes incléments. Amnistie est pour moi le plus beau mot de la langue humaine. Je ne veux verser de sang qu’en risquant le mien. Du reste, je ne sais que combattre, et je ne suis qu’un soldat. Mais si l’on ne peut pardonner, cela ne vaut pas la peine de vaincre. Soyons pendant la bataille les ennemis de nos ennemis, et après la victoire leurs frères.

– Prends garde ! répéta Cimourdain pour la troisième fois. Gauvain, tu es pour moi plus que mon fils, prends garde !

Et il ajouta, pensif :

– Dans des temps comme les nôtres, la pitié peut être une des formes de la trahison.

En entendant parler ces deux hommes, on eût cru entendre le dialogue de l’épée et de la hache.